L'église
paroissiale de Peisey-Nancroix, dédiée à la Sainte Trinité, a été
construite en 1685-1687, sur l'emplacement d'un édifice plus ancien.
Le clocher fut édifié en 1699. L'église et le cimetière qui
l'entoure son inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments
historiques depuis 1972.
Comme
l'attestent les archives, l'église de Peisey-Nancroix fut remaniée
à plusieurs reprises avant que sa reconstruction ne soit décidée
en 1685 afin de doter la paroisse d'un sanctuaire suffisamment grand.
Les maîtres d'œuvre vont se succéder jusqu'à son achèvement par
le clocher en 1699, où interviennent trois maçons de la Valsésia.
L 'édifice
offre à l'extérieur l'apparence sobre et massive des églises-halles
de la Tarentaise où seuls le haut clocher et le portail
singularisent l'édifice. Autour, le cimetière et les quatorze
oratoires du chemin de croix, modeste rappel des Sacromonti du Nord
de l'Italie.
L'intérieur
offre un volume ample à l'image des églises-halles. Les voûtes de
la nef sont décorées de peintures murales avec des médaillons où
l'on reconnaît la Vierge, saint François de Sales, saint Joseph...
Mais la richesse de cette église sont les sept retables édifiés à
la fin du XVIIème siècle et au début du suivant.
Dans
le collatéral situé à droite en entrant on remarque le retable du
Rosaire (toile de 1690), le retable de saint Antoine, oeuvre de
Fodéré. Dans le collatéral de gauche on trouve le retable du saint
Suaire avec bas-relief où trois évêques présentent la précieuse
relique, le retable des âmes du Purgatoire et celui de saint Joseph
(Fodéré 1692). Mais c'est le retable de l'autel-majeur qui est la
pièce maîtresse de l'église. Réalisé par Jacques Todesco et
Jean-Baptiste Gullaz en 1770 il présente une structure complexe. À
la division tripartite habituelle des retables majeurs, de la
profondeur a été donnée par une série de décrochements de
l'entablement créant au centre une sorte de baldaquin supporté par
les anges cariatides.
Au-dessus
du tabernacle monumental magnifiant la présence réelle se trouve
représentée la trinité, de part et d'autre les statues de saint
Pierre (là droite) et saint Paul (là gauche) et au-dessus saint
Jean-Baptise et sainte Capitainerie Alexandrie.
Avec
ce riche mobilier il faut mentionner les stalles, les fonts
baptismaux et l'orgue de facture italienne.
Les
travaux de restauration intérieure de l'égrise, menés en deux
tranches entre septembre 1990 et novembre 1992, ont consisté :
- à restaurer la totalité du décor peint de la nef et du chœur,
- à remplacer les fenêtres métalliques des années 1930 par des vitraux incolores là bornes, dans l'esprit des vitraux du XVIIème siècle,
- à refaire l'installation électrique et l'éclairage intérieur de l'égrise.
Le
petit orgue de facture italienne ai été restauré parallèlement là
ces travaux. (instrument classé MH)
En
ce qui concerne plus particulièrement le décor peint, la nef ne
possédait qu'une seule couche de décor, de facture assez classique,
exécutée là la fin du XIXème siècle par-dessus le badigeon de
chaux d'origine. C'est ce décor unique, très endommagé par les
fuites de toiture, les mouvements de structure et les restaurations
maladroites qui ai été nettoyé et restauré durant l'automne et
l'hiver 1990-1991.
Dans
le chœur de
l'égrise, le problème était plus complexe : un décor peint
de extrême fin du siècle dernier recouvrait le décor d'origine du
chœur, mis en place
juste après la construction de l'égrise, autour des années 1700.
Ce décor original avait été repéré par une série de sondages
préliminaires, réalisés en 1989 ; il avait alors été décidé
de le dégager, car il s'agit d'un exemple assez rare de décor du
XVIIème siècle en Savoie, la plupart des décors peints de cette
époque ayant été soit complètement détruits, soit recouverts par
un décor plus " à
la mode "
au cours du XIXème siècle. Ce dégagement impliquait bien
évidemment le sacrifice du décor de la fin du XIXème siècle,
assez banal et très endommagé par l'intervention malheureuse et
récente d'un restaurateur amateur. La couche d'enduit la plus
récente et son décor ont donc été supprimés, et le décor
XVIIème a été remis à jour : ce dernier était en place à
80 % sur les murs et à 10 % sur la voûte, où les
éléments subsistants permettaient de restituer les parties
marquantes sans la moindre incertitude. Le travail envisagé a donc
consisté :
- à reboucher systématiquement, au mortier de chaux, toutes les traces de piquetage du XIXème siècle. Les zones d'enduit manquantes ou trop dégradées ont été refaites au mortier de chaux, et l'ensemble du décor conservé a été nettoyé à l'aide des solvants appropriés, et protégé par un fixateur,
- à exécuter, dans un deuxième temps (automne 1992), la restauration proprement dite du décor : tous les accidents de la couche picturale ont été repris dans le tondu fond à l'aide de teintes acryliques, et l'ensemble du décor peint des murs a donc retrouver son aspect initial, sans traces de piquetage qui rendaient la lecture difficile. Les parties manquantes du décor de la voûte ont été recomposées, à partir des éléments encore en place. Le chœur de l'église de Peisey a ainsi retrouvé une présentation très proche de celle qui avait été imaginée par les artistes du XVIIème siècle.
Le
grand retable de la Trinité, exécuté en 1700 par deux sculpteurs
du Valsésia, Jacques Antoine Todesco et Pierre Gualaz, a été
débarrassé des repeints maladroits qui en défiguraient la
polychromie, en l'attente d'une restauration plus complète.
Les
travaux ont été exécutés sous la direction de l'architecte en
chef des Monuments historiques, par les ateliers VALSESIA (décor
peint), DE PIREY (vitraux), et l'entreprise ALPES-CONFORT
(électricité-éclairage).
Extrait
de Mon Patrimoine- Les chemins du baroque en Savoie-
Chapelles
et églises des vallées de Maurienne et de Tarentaise
5-7-8
décembre 1991
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